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17/04/2002 Hommage au Général Fourcade

Le Général Louis FOURCADE nous a quittés !

Eloge funèbre prononcé par le Général François Cann, Président de l'Amicale des Anciens du 8ème RPIMa, en la Cathédrale de Toulon, le 17 avril 2002.


 

 

  • Grand  Croix de la Légion d'Honneur
  • Croix de Guerre 1939-1945
  • Croix de Guerre de T.O.E.
  • Croix de la Valeur Militaire
  • 20 citations
  • Médaille de l'Aéronautique


Le Général FOURCADE, Grand'Croix  de la Légion d'Honneur, deux fois blessé, dix-huit fois cité, dont onze fois à l'Ordre de l'Armée, a eu une carrière exceptionnelle. Mais au terme "exceptionnel", j'ajouterais volontiers celui d"'insolite", tant le parcours du Général fut jalonné d'imprévus et embelli de hauts faits d'armes.


Né à  Tarbes, le 14 Novembre 1909, Louis FOURCADE  est un  enfant des Pyrénées et de la Bigorre. En 1929, il intègre Saint-Cyr en bon rang avec la promotion "Général Mangin". Il en sort dans "la gerbe",  ce qui lui permet de choisir les troupes coloniales.


En 1931, il est affecté au 8ème Régiment de Tirailleurs sénégalais, à Toulon. Il fait la connaissance d'une toute jeune fille, Geneviève SEGUIN. Après un séjour colonial en Côte  d'Ivoire, il est ré-affecté à Toulon, où  il épouse Geneviève en 1936, en l'église Saint Louis.


En 1937 naît Monique, baptisée dans la même église. En 1938, le Lieutenant FOURCADE  est désigné pour un nouveau séjour colonial, en Indochine où il est affecté au 9ème R.I.C. qui tient garnison à Hanoï. Promu capitaine en  1939, il  est  choisi par le Général Gouverneur  Général  de  l'Indochine  pour devenir  son aide de camp. Ce général  va devenir célèbre: il s'agit du général CATROUX.


Survient la guerre. Le général CATROUX qui ne veut pas servir le régime de "Vichy" quitte l'Indochine pour rejoindre le Général DE GAULLE.


Le Général CATROUX  est remplacé par l'Amiral DECOUX lequel n'aura de cesse que de s'en prendre à l'entourage du Général. Le capitaine FOURCADE est "viré".  Comme en 1938 il a effectué plusieurs stages d'observateur aérien, le voici affecté à la base aérienne de Bac Maï, près d'Hanoï. C'est là que la chance va le servir pour ne plus jamais le quitter.  Une chance  qu'il provoquera souvent au point de se trouver en première ligne,  avec le voltigeur  de pointe,  derrière  le fusil mitrailleur ou dans la jeep de tête et à chaque fois pour la grande frayeur de ses subordonnés.


Ce jour-là,  il est commandant  de bord d'un avion POTEZ 63-11, le seul d'Indochine. Il livre un combat aérien avec un avion japonais, qu'il endommage et met en fuite.  Citation.  Fureur de l'amiral  "Il est bien capable, dit  celui-ci, de prendre  un avion pour rejoindre CATROUX  .... Je ne veux plus le voir dans le coin."


Et voici "notre" capitaine à Battambang, au Nord­-Ouest du Cambodge au moment où les Siamois (les Thaïlandais) ont sur la province des revendications ter­ritoriales.  Sa compagnie subit une charge de la cavale­rie siamoise mais il renverse la situation, anéantit  l'ad­ versaire et capture personnellement le chef adverse ainsi que son cheval.

Nouvelle citation.
Nouvelle vexation de l'Amiral Gouverneur et voici "notre" capitaine  muté à Moncay, un port de pêche du Tonkin à la frontière de Chine. Un jour, des pirates chinois surgissent sur deux jonques de haute mer pour piller le village :  le Capitaine  réagit et avec un sampan à voile armé de quelques tirailleurs  il évolue autour des jonques.  Excellent  tireur, il détruit les poulies principales de l'accastillage de ces bateaux peu manœuvrables ; les voiles s'affalent.  Les jonques sont saisies et cin­ quante-cinq pirates capturés.

Nouvelle citation.

L'amiral rend grâce.


Le capitaine FOURCADE est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur, le 29 octobre 1943, bien avant la plupart de ses camarades de promotion qui se sont battus en France,  en Libye, en Tunisie et se battent alors en Italie.


Puis le capitaine FOURCADE  commande un bataillon qu'il sauve de justesse lors du coup de force des Japonais, le 9 mars 1945.


Son épouse et sa fille échappent  au massacre en s'enfuyant en territoire chinois.
En août 1945,  il accompagne  deux officiers supé­rieurs français  pour recevoir la  reddi1ion  des forces japonaises de Haïphong,  ville où il exerce  les respon­sabilités de maire pendant deux jours.


Et le voici, en opération, cette fois avec le fameux commando  Conus,  au Laos  où il est parachuté à deux reprises alors qu'il n'a reçu aucune formation pour cela.


Au total,  un début de carrière fulgurant, peu ordi­naire et surtout inattendu  que j'ai souvent raconté aux jeunes officiers désespérés de ne pas voir le destin leur sourire.  Tout le reste de sa vie militaire sera de la même veine.


En 1946, nommé chef de bataillon, il rejoint la bri­gade de parachutistes  coloniaux  en formation en Bretagne.


Le Commandant  FOURCADE  montre un  goût affirmé pour les missions spéciales.  Il  organise et ins­truit quarante-cinq  commandos au Tonkin en 1951. Déployant dans cette tâche considérable toutes les ressources de sa nature généreuse, il paie sans cesse de sa personne et stimule le courage de ses cadres et de sa troupe. Prenant à plusieurs  reprises spontanément  le commandement  des opérations,  ce chef  de guerre insuffle à ses hommes une ardeur puisée aux sources même des plus hautes traditions militaires. Ame de cet ensemble d'unités spéciales, il est blessé  le 8 novembre 1951 à Cong-Sao.


Pendant cette période, il est cité sept fois dont six à l'ordre de l'Armée pour son action exemplaire, et, en 1953, il est promu Lieutenant-Colonel et Commandeur de la Légion d'Honneur. Il a quarante-trois ans.


Il est rapatrié fin avril 1954 mais il a le coeur gros car il doit abandonner ses bons amis qui se battent alors dans le camp retranché de Dien Bien Phu.


Son repos en métropole  est de courte durée. L'Algérie s'embrase. En  mai 1956,  le gouvernement rappelle les réservistes. Le Lieutenant-Colonel FOURCADE  met sur  pied le 8°  Régiment de Parachutistes Coloniaux  pour y accueillir, entre autres, les parachutistes  rappelés ainsi que les Africains et les Malgaches.


Il va façonner ce régiment à son image, en créant des compagnies fluides, souples et manœuvrières. Il crée un commando chargé de s'infiltrer sur les arrières de l'adversaire et le confie au lieutenant DE PERETTI lequel, en juin 1957, trouve,  une mort héroïque. A la tête de son régiment, il réalise l'un des plus beaux bilans de la guerre d'Algérie.  Il est cité six fois dont cinq fois à l'Ordre de l'Armée.


Il est promu colonel en 1957 et élevé à la dignité de Grand Officier en 1959.
Après  trois ans et demi  en Algérie, il prend en métropole le  commandement  de  la  Brigade des Parachutistes d'Outre-Mer avant de devenir l'adjoint du Général commandant la 11ème Division légère d'interven­tion, future 11ème Division Parachutiste.   

 

 

 

Il est promu Général de Brigade en avril 1964 et est admis à faire valoir ses droits à la retraite  en Octobre de la même année.


En 1992, il est élevé à la dignité de Grand Croix de la Légion d'Honneur et décoré,  le 21 décembre, à Paris au  Palais  de Salm, par le général  FORRAY, Grand Chancelier de la Légion d'Honneur qui fut l'un de ses lieutenants aux commandos du Nord Vietnam.


Voilà ce que fut la carrière exceptionnelle et insolite du Général FOURCADE.

Comme le disait Charles PEGUY :



Il ne nous a pas quittés,
il est juste passé dans la pièce d'à côté.













22/08/2012

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