NOTRE FAMILLE PARACHUTISTE DE NOUVEAU EN DEUIL

22/05/2012 Général Louis Fourcade

Général Louis Fourcade, l'âme des Commandos Nord-Vietnam

 

 

 

 

Le texte qui suit est un hommage à cet officier hors du commun ainsi qu'à sa femme (YOUYOU).

 

La section UNP VERSAILLES est fière d'avoir intégré en son sein l'association des anciens Commandos Nord-Vietnam créés par le Général Louis Fourcade dont voici le parcours:

 

Louis FOURCADE est né à TARBES le 14 Novembre 1909, c’est donc un enfant des Pyrénées et de la Bigorre. A la fin de ses études secondaires au Lycée français de MAYENCE, il prépare le concours d’entrée à SAINT-CYR au Prytanée militaire de La FLECHE. En 1929 il intègre SAINT-CYR dans la promotion « Général MANGIN ». Ayant choisi de servir dans la Coloniale, il est affecté au 8° Régiment de Tirailleurs Sénégalais à TOULON le 1° Octobre 1931. Au retour d’un séjour en CÔTE d’IVOIRE de 1932 à 1935, il est réaffecté à TOULON où il retrouve Geneviève SEGUIN dont il avait fait la connaissance lors de son premier séjour dans la ville. Leur mariage est célébré le 2 Octobre 1936 en l’église SAINT LOUIS de TOULON. En 1937 naît de ce mariage une fille prénommée Monique.

En 1938 le Lieutenant FOURCADE est désigné pour un séjour en INDOCHINE, où il est affecté au 9° Régiment d’Infanterie Coloniale à HANOÏ. Promu Capitaine en 1939, il est choisi comme aide de camp par le Général CATROUX. Celui-ci ayant décidé de rejoindre les Forces Française Libres, le commandement de l’INDOCHINE échoit à l’Amiral DECOUX, dont le premier souci est d’éloigner des responsabilités les Officiers ayant servi sous les ordres de son prédécesseur. C’est ainsi que le Capitaine FOURCADE se retrouve à la base aérienne de BAC MAÏ au TONKIN. Aux commandes du seul Potez 63-11 du territoire il endommage un Akasima 94 japonais qui préfère prendre le large.

Première citation.

Poursuivi par la hargne de l’Amiral, il se retrouve à BATTAMBANG au CAMBODGE où il capture lui-même le chef d’un élément de la cavalerie siamoise qui avait lancé une charge contre sa Compagnie. Deuxième citation, mais, également nouvelle vexation de l’Amiral qui envoie le Capitaine FOURCADE à MONCAY, port de pêche du TONKIN à la frontière de la CHINE. Deux jonques de haute mer équipées de pirates chinois se présentent avec l’intention de piller la ville. La réaction est immédiate, évoluant sur un sampan à voile monté par quelques tirailleurs, son adresse au tir lui permet de détruire les poulies principales d’accastillage, les voiles s’affalent, les jonques sont saisies et cinquante cinq pirates capturés.

Nouvelle citation. L’Amiral, indigné rend grâce !

Les us et coutumes locaux ayant une fois pour toutes réglé le sort des pirates, le destin de ceux-ci dut s’arrêter sur les plats-bords de leurs jonques !

Le Capitaine FOURCADE est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 29 Octobre 1943.

Lors du coup de force japonais du 9 Mars 1945, il réussit à prendre les devants . . . et le large. Accompagné d’Européens militaires et Douaniers, des Tirailleurs et des Supplétifs, à bord de quelques jonques de haute mer. Jusqu’à la reddition des forces japonaises il fera de la piraterie contre les Nippons, jouant à cache-cache avec eux parmi les rochers de la Baie d’Ha Long et causera quelques dégâts à leur marine.

En Août 1945 il accompagne deux Officiers supérieurs français pour recevoir la reddition des forces japonaises d’HAÏPHONG. C’est l’occasion pour lui de remplir les fonctions de Maire de la ville, pendant . . . deux jours !

Le Capitaine FOURCADE rejoint alors le fameux Commando CONUS au LAOS. Sans aucune préparation, ni équipement de parachutisme il est parachuté deux fois sur LUANG PRABANG et sa région.

En 1946 il retrouve la Mère Patrie et la ville de TOULON. Nommé Chef de Bataillon, il rejoint la Brigade de Parachutistes Coloniaux en formation en BRETAGNE. Promu Officier de la Légion d’Honneur en 1948, il est désigné pour prendre la Direction de l’Instruction au G.I.T.C.M. de FREJUS (VAR) avant de repartir pour un nouveau séjour en INDOCHINE. Arrivé sur le territoire il prend le commandement du 1° Bataillon de Parachutistes Coloniaux. C’est alors que, sur décision du Général de LATTRE de TASSIGNY, il est chargé de la formation, l’organisation et l’instruction de quarante cinq Commandos, initialement nommés « Commandos d’Intervalle », ils prendront peu après l’appellation qui les a rendus célèbres de « COMMANDOS NORD VIET NAM » parce que tous basés au TONKIN.

Il a insufflé aux Officiers, Sous Officiers et Supplétifs de ces unités légères son ardeur et son amour de l’accomplissement des missions les plus dures. Les résultats exceptionnels obtenus sous son commandement valurent une citation à l’Ordre de l’Armée pour l’ensemble de ces unités. A la tête de l’un de ces Commandos il est blessé le 8 Novembre 1951 à CONG SAO. Il est à noter qu’en tant que Chef de Bataillon il eut alors le commandement d’un effectif moyen de quatre mille cinq cents Officiers, Sous Officiers et Supplétifs.

Pendant cette période il sera cité sept fois, dont six à l’Ordre de l’Armée. En 1953 il est promu Lieutenant Colonel et Commandeur de la Légion d’Honneur. Il a quarante trois ans !

Rapatrié fin Avril 1954, à contre-cœur, il laisse ses compagnons d’Arme et deux de ses Commandos dans la cuvette de DIEN BIEN PHU. Il prend le commandement de la Demi Brigade de Commandos Parachutistes à BAYONNE en Juillet 1954. Mais, c’est alors que l’ALGERIE s’embrase, il rejoint donc ce nouveau théâtre d’opérations en Mai 1956 et met sur pied le 8° Régiment de Parachutistes Coloniaux à base de parachutistes réservistes rappelés, d’Africains et de Malgaches.

Encore une fois il façonne son unité à son image en créant des Compagnies fluides, souples et manœuvrières. Fidèle à sa conception du combat par petites unités sur les arrières de l’ennemi, il confie le commandement du Commando du Régiment au Lieutenant de PERETTI qui trouvera une mort glorieuse au combat en Juin 1957.

 

 

Les tombes du Général et de son Lieutenant chef de Commando sont toutes deux au cimetière central de TOULON à quelques mètres l’une de l’autre, dans la même allée, unis au combat, unis pour l’Eternité.


Le Lieutenant Colonel FOURCADE à la tête de son Régiment réalise l’un des plus beaux bilans de la guerre d’ALGERIE. Il sera cité six fois, dont cinq à l’ordre de l’Armée. Il est promu Colonel en 1957 et élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Après un séjour de trois ans et demi en ALGERIE, il prend le commandement de la Brigade des Parachutistes d’Outre Mer. Il sera le seul Officier supérieur parachutiste à commander cette grande unité à deux reprises. Il devient ensuite l’adjoint au Général commandant la 11° Division Légère d’Intervention, la future 11° Division Parachutiste. Il est promu Général de Brigade en Avril 1964 et est admis à faire valoir ses droits à la retraite en Octobre de la même année. La distinction suprême dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, la Grand’ Croix, lui sera décernée en 1990.

 

 

Le Général Louis FOURCADE nous a quittés le 8 Avril 2002. Il reste tellement présent dans la mémoire de tous ceux qui ont servi sous ses ordres et plus simplement de tous ses amis, qui étaient nombreux, qu’à l’instar de Charles PEGUY ils peuvent dire : « . . . il est juste passé dans la pièce d’à côté. »

Devant une carrière aussi bien remplie, l’on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi un tel Chef et meneur d’hommes n’a pas accédé à un grade plus élevé que Général de Brigade, mais aussi pourquoi il a du attendre trente trois ans la distinction la plus élevée dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, la Grand’ Croix.

La réponse est simple, d’origine gasconne il avait son franc-parler qui n’a pas toujours été apprécié par ses supérieurs hiérarchiques ni, bien évidemment par certaines autorités civiles politiques des plus haut placées.

Mais, au milieu des aventures héroïques de son époux, qu’est devenue Geneviève FOURCADE – SEGUIN, « YOUYOU » pour tous les amis de son mari ? Il n’est que justice de parler d’elle également, rares sont les épouses de militaires qui ont eu une vie aussi trépidante.

 


 

Le 9 Mars 1945, avant de prendre la mer pour continuer le combat contre les Nippons, le Capitaine FOURCADE confiant son épouse et sa fille Monique, âgée de sept ans, à quelques hommes sûrs, celle-ci, accompagnée de quelques femmes et enfants, passe la frontière à proximité de MONCAY. Pendant cinq longs mois, dirigeant avec sûreté sa petite troupe et son escorte, malgré son jeune âge, elle va vivre à cheval sur la frontière sino-tonkinoise, en butte aux Japonais sur le territoire tonkinois et aux pirates chinois du YUNNAN. La petite troupe quitte la Mer de CHINE pour un court séjour à KUNMING. Etant passée en territoire indien, YOUYOU arrive à CALCUTTA en Juillet 1945. Afin de ne pas rester trop longtemps inactive elle prend une place de secrétaire à la Mission coloniale française avec le grade d’Aspirant.

Hélas, l’heure de la séparation approche et c’est la mort dans l’âme que YOUYOU voit embarquer sa fille Monique à bord d’un avion pour aller rejoindre ses grands parents SEGUIN à TOULON. Un poste venant de se libérer au service du Chiffre des Transmissions de l’Etat Major de la Marine, par le départ de l’Enseigne de Vaisseau qui l’occupait, on le propose à YOUYOU qui, bien sûr, l’accepte, ce qui lui vaut d’être nommée Lieutenant et de retrouver, enfin, son mari à SAÏGON.

Et c’est le rapatriement, le retour à TOULON où elle retrouve ses parents et Monique. La BRETAGNE à la suite du Chef de Bataillon FOURCADE, à nouveau l’INDOCHINE, après être passée par FREJUS à la suite de son mari. Ici comme là bas elle joue encore le rôle important de la « MAMAN » avec les gradés des COMMANDOS NORD VIET NAM et leurs hommes, leur apportant sa chaleur humaine et le réconfort dont ils avaient quelquefois besoin.

En ALGERIE beaucoup de femmes d’officiers ou de Sous Officiers se contentaient d’un doux farniente à l’abri des soucis de maîtresse de maison confiés à une quelconque Fatima ou Aïcha, YOUYOU, toujours pour ne pas perdre de temps et pour satisfaire son besoin immense de servir, crée dans le CONSTANTINOIS des équipes médico-sociales, avec quinze ambulances, puis, à ALGER une « MAISON de la FEMME » pour éduquer et alphabétiser les femmes musulmanes.

A Homme d’exception, Femme d’exception, toute leur vie ils furent l’un pour l’autre le complément parfait.

 

Adjudant Chef (ER) Gilbert MARTIN

Ancien COMMANDO NORD VIÊT NAM




22/08/2012

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