NOTRE FAMILLE PARACHUTISTE DE NOUVEAU EN DEUIL

27/08/2013 Message du Gal PIQUEMAL: décès du Cdt Hélie Denoix de Saint Marc

                                                                                         Paris le  27 août 2013

 

Message urgent à l'attention des membres et amis de l'UNP

 

Objet : Décès du chef de bataillon (ER) Hélie Denoix de Saint Marc, magnifique soldat et exceptionnelle figure des légionnaires parachutistes

 

L'hécatombe meurtrière qui décime encore les rangs des Grands Anciens se poursuit.

Une immense figure des légionnaires parachutistes connue dans le monde entier, un soldat remarquable, un homme d'honneur vient de nous quitter.

 

Né le 11 février 1922 à Bordeaux, le chef de bataillon Hélie Denoix de Saint Marc, Grand Croix de la Légion d’Honneur, titulaire de 13 citations, prestigieux fleuron de notre histoire para, membre du comité d'honneur de l'UNP, s'est éteint le lundi 26 août matin à l'âge de 91 ans à La Garde-Adhémar, dans la Drôme.

 

Un survol rapide de sa carrière témoigne de ses brillants états de service.

Hélie de Saint Marc entre dans la Résistance (réseau Jade-Amicol) en février 1941, à l'âge de 19 ans après avoir assisté à Bordeaux à l'arrivée de l'armée et des autorités françaises d'un pays alors en pleine débâcle. Arrêté le 14 juillet 1943 à la frontière espagnole à la suite d'une dénonciation, il est déporté au camp de Buchenwald.

 

Envoyé au camp satellite de Langenstein-Zwieberge où la mortalité dépasse les 90 %, il bénéficie de la protection d'un mineur letton qui le sauve d'une mort certaine. Ce dernier partage avec lui la nourriture qu'il vole et assume l'essentiel du travail auquel ils sont soumis tous les deux. Lorsque le camp est libéré par les Américains, Hélie de Saint Marc gît inconscient dans la baraque des mourants. Il a perdu la mémoire et oublié jusqu’à son propre nom. Il est parmi les 30 survivants d'un convoi qui comportait plus de 1 000 déportés.

 

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, âgé de vingt-trois ans, il effectue sa scolarité à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.

 

Hélie de Saint Marc part en Indochine en 1948 avec la Légion étrangère au sein du 3e REI. Il vit comme les partisans vietnamiens, apprend leur langue et parle de longues heures avec les prisonniers Viêt-minh pour comprendre leur motivation et leur manière de se battre.

 

Affecté au poste de Talung, à la frontière de la Chine, au milieu du peuple minoritaire Tho, il voit le poste qui lui fait face, à la frontière, pris par les communistes chinois. En Chine, les troupes de Mao viennent de vaincre les nationalistes et vont bientôt ravitailler et dominer leurs voisins vietnamiens. La guerre est à un tournant majeur. La situation militaire est précaire, l'armée française connaît de lourdes pertes. Après dix-huit mois, Hélie de Saint Marc et les militaires français sont évacués, comme presque tous les partisans, mais pas les villageois. « Il y a un ordre, on ne fait pas d'omelette sans casser les œufs », lui répond-on quand il interroge sur le sort des villageois.

 

Son groupe est obligé de donner des coups de crosse sur les doigts des villageois et partisans voulant monter dans les camions. Les survivants arrivant à les rejoindre leur racontent le massacre de ceux qui avaient aidé les Français. Il appelle ce souvenir des coups de crosse sur les doigts de leurs alliés sa blessure jaune et reste très marqué par l'abandon de ses partisans vietnamiens sur ordre du haut-commandement.

 

Il retourne une seconde fois en Indochine en 1951, au sein du 2e BEP , peu de temps après le désastre de la RC4, en octobre 1950, qui voit l'anéantissement du 1er BEP.

Il commande alors au sein de ce bataillon la 2e CIPLE (Compagnie indochinoise parachutiste de la Légion étrangère) constituée principalement de volontaires vietnamiens. Ce séjour en Inchochine est l'occasion de rencontrer le chef de bataillon Raffalli, chef de corps du 2e BEP, l'adjudant Bonnin et le général de Lattre de Tassigny chef civil et militaire de l'Indochine, qui meurent à quelques mois d'intervalle.

 

Recruté par le général Challe, Hélie de Saint Marc sert en Algérie, notamment aux côtés du général Massu. En avril 1961, il participe – avec le 1er REP, qu'il commande par intérim – au putsch des généraux, dirigé par le général Challe à Alger. L'opération échoue après quelques jours et Hélie de Saint Marc décide de se constituer prisonnier.

 

Comme il l'explique devant le Haut Tribunal militaire, le 5 juin 1961, sa décision de basculer dans l'illégalité était essentiellement motivée par la volonté de ne pas abandonner les harkis, recrutés par l'armée française pour lutter contre le FLN, et ne pas revivre ainsi sa difficile expérience indochinoise. À l'issue de son procès, Hélie de Saint-Marc est condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il passe cinq ans dans la prison de Tulle avant d'être gracié, le 25 décembre 1966.

 

Après sa libération, il s'installe à Lyon avec l'aide d'André Laroche, le président de la Fédération des déportés et commence une carrière civile dans l'industrie. Jusqu'en 1988, il fut directeur du personnel dans une entreprise de métallurgie.

 

En 1978, il est réhabilité dans ses droits civils et militaires.

 

À partir de 1989, Laurent Beccaria écrit sa biographie.

Belle plume, devenu écrivain à succès, il publie plusieurs livres. "Les Champs de braises" sorti en 1995 est couronné par le Prix Fémina catégorie essai en 1996.

Puis pendant 10 ans, Hélie de Saint-Marc parcourt les États-Unis, l'Allemagne et la France pour y faire de nombreuses conférences.

 

En 1998 et 2000, paraissent les traductions allemandes des Champs de braises (Asche und Glut) et des Sentinelles du soir (Die Wächter des Abends) aux éditions Atlantis.

 

En 2001, le Livre blanc de l’armée française en Algérie s'ouvre sur une interview de Saint Marc.

En 2002, il publie avec August von Kageneck — un officier allemand de sa génération —, son quatrième livre, Notre Histoire, 1922-1945, un récit tiré de conversations avec Étienne de Montety, qui relate les souvenirs de cette époque sous la forme d'entretiens, portant sur leurs enfances et leurs visions de la Seconde Guerre mondiale.

 

À 89 ans, le 28 novembre 2011, dans la cour d'honneur des Invalides,  il est fait Grand-Croix de la Légion d'honneur  par le président de la République, Nicolas Sarkozy.

 

Officier brillant atypique, homme d'honneur exceptionnel au parcours hors du commun, il rejoint ses frères d'armes partis avant lui. La famille légionnaire et parachutiste en deuil le salue avec déférence et admiration.

 

Puisse Saint Michel l'accueillir sur la piste sans fin et la longue route des parachutistes au sein de la grande cohorte des glorieux et prestigieux soldats disparus.

 

Au nom de l'UNP et de tous ses membres, je présente nos condoléances attristées à sa famille, et leur exprime notre douloureuse sympathie. Nous partageons leur peine et  nous associons à leur tristesse.

Le lieu et le jour des obsèques viennent d'être fixés:

La messe d’enterrement du commandant Hélie Denoix de Saint Marc sera célébrée par le cardinal Barbarin vendredi 30 août 15h à la cathédrale Saint Jean de Lyon, suivie par une inhumation dans l’intimité familiale.

Afin d’accompagner le commandant Denoix de Saint-Marc dans son dernier voyage, je demande à tous ceux qui le pourront, et principalement aux membres  des sections Rhône Alpes, d'assister en tenue UNP avec les drapeaux des sections aux cérémonies ou de s'unir par la pensée et l'intention à ceux qui seront présents.

 

Par avance, je vous en remercie et sais pouvoir compter sur votre  entière solidarité envers une grande figure du monde légionnaire parachutiste et un frère d'armes prestigieux au passé exceptionnel.

 

Avec ma fidèle amitié para.

 

Général (2S) Christian PIQUEMAL

Président national de l'UNP

 

 

 

 

 

 



28/08/2013

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