La livraison par air s’appuie sur des aéronefs de tout type, du Pilatus de l’aviation légère de l’armée de Terre, pour les petits colis, au Transall ou C130 Hercules de l’armée de l’air pour les plus lourds en passant par les CASA 235.

Le poids du matériel largué peut varier de 40 kilos jusqu’à 8,5 tonnes, largués à 50 mètres du sol comme à plus de 8 000 mètres, avec une précision au maximum de la taille d’un stade de football. Il n’existe pas de limites dans le contenu des colis que ce soit de la nourriture, des munitions ou même du matériel sensible optiques et transmissions voire des bulldozers… Comme le confirme l’adjudant-chef : « Vous pourriez livrer de la porcelaine sans qu’il n’y ait de casse. »

Ces défis techniques sont relevés au quotidien par une équipe de largueurs qui conditionne le matériel au sol avant de le faire embarquer dans l’aéronef, puis le largue sous les ordres du commandant de bord de l’avion au plus proche des unités au sol. Le conditionnement est extrêmement précis, du choix du moyen de largage - par éjection ou par simple gravité - au calcul de l’amortissement du choc à l’atterrissage, ou encore le pliage des voiles de parachutes. Les unités au sol reçoivent également une formation pour récupérer le matériel et réintégrer le conditionnement et les voiles aux largueurs, de sorte que ces moyens puissent être réutilisés.

L’adjudant-chef Philippe exerce ce métier depuis 36 ans au service de multiples unités, depuis l’Ecole des troupes aéroportées de Pau jusqu’au 1er Régiment du Train Parachutiste de Cugnaux, sa dernière affectation depuis 2007, où il est spécialiste en livraison par air et instructeur parachutiste.

Projeté depuis août 2017 sur l’opération Barkhane à Gao, il réalise sa quatrième opération extérieure sur la bande sahélo-saharienne en tant que chef largueur, véritable vétéran dans la spécialité. L’adjudant-chef Philippe est épaulé par une équipe issue du 1er RTP, avec un renfort du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste. Il se remémore les largages de nuit : « L’ambiance est toujours particulière : sans repère visuel, à la seule confiance de points GPS, des gestes maintes fois répétés et, bien sûr, des pilotes aguerris avec lesquels nous travaillons. »

Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso. Elle regroupe environ 4 000 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces  armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace notamment dans le cadre de la force conjointe du G5 Sahel en cours d’opérationnalisation.