Entendu sur "FranceInfo" ce matin:

Un appel au "coup de force" venu d'un groupe royaliste sur fond de malaise dans l'armée.

L'Opinion - 05/06/2013

L'article le plus étonnant du jour : des fantasmes de putsch militaire, c'est en France, en 2013...

Des fantasmes qui sont évoqués par Jean-Dominique Merchet dans les colonnes du nouveau quotidien L'Opinion. Il révèle qu'un groupe royaliste qui se revendique du Printemps français appelle à un "coup de force" de la part d'officiers catholiques.

Il précise que cet appel vient dans un contexte particulier, alors que les esprits s'échauffent dans les milieux militaires sur fond de rumeurs faisant état d'un fichage par les franc-maçons des officiers et de leurs familles engagés dans le mouvement de la Manif pour tous.

Cet appel au coup de force est lancé dans un magazine largement diffusé sur Internet par un groupe maurrassien baptisé "Lys noir". Dans ce magazine, qui s'appelle Arsenal, on peut lire que "ceux qui évacuent d'un revers de main toute possibilité de coup d'Etat militaire en France feraient bien de réviser leurs classiques" et qu'un "coup de force est à nouveau imaginable".

Un fantasme comme le souligne Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion, mais des termes inquiétants, nourris d'un malaise palpable dans une partie minoritaire de l'institution militaire.

Le coeur de cible de cette extrême-droite, ce sont ces officiers "cathos-tradis" choqués à la fois par le mariage gay et par le poids supposé de la franc-maçonnerie dans l'entourage du ministre de la Défense Jean-Yves le Drian.

Et le magazine en question, Arsenal, ne prend pas de gants pour désigner ses héros qui n'apprécieront pas forcément d'être ainsi pris en exemple : les généraux Benoît Puga, Pierre de Villiers et Bruno Dary. C'est visiblement le casting de la junte dont rêvent les activistes du Lys noir.

Benoît Puga est chef d'état-major particulier du président de la République, et frère d'un prêtre intégriste qui officie à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Le deuxième général cité, Pierre de Villiers, est le frère cadet de Philippe de Villiers. Bruno Dary, engagé au côté de la Manif pour tous, est un ancien gouverneur militaire de Paris.

Ces trois officiers de premier plan, connus par ailleurs pour leurs positions catholiques traditionnelles, n'ont évidemment rien à voir avec le groupuscule du Lys noir, mais ils n'ont pas encore réagi à l'utilisation de leur nom.

Tout ça dans un contexte encore une fois bien particulier : comme l'explique Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion, les esprits s'échauffent dans les popotes militaires, et une rumeur court en particulier : les officiers dont les enfants ont été arrêtés en marge des manifs contre le mariage gay seraient fichés et risqueraient de voir leurs carrières freinées. A tel point que le ministère a dû démentir l'existence d'une telle liste.

D'où la tentation des extrémistes de souffler sur les braises. Le Lys noir rêve que l'armée sorte des casernes pour imposer une solution politique, qui ne viendra ni des urnes ni de la rue, et d'installer une "union nationale" de tous les souverainistes, de gauche et de droite, dont Jean-Pierre Chevènement serait comme le "père de la Nation".

Drôle de casting et fantasmes, bien sûr, mais quand même une inquiétude formulée en haut lieu, et relayée dans L'Opinion, on s'inquièterait donc en haut lieu d'une "tentation liguarde faisant penser aux années 30." Les ligues, la cagoule, le royalisme, Maurras, les franc-maçons, des rumeurs de putsch sur fond de mariage pour tous, un drôle de coktail et une drôle de France qui apparaît entre les lignes de cet article de L'Opinion.