11/10/2013 Livre blanc de la Défense: publié le 29/04/2013
Livre blanc de la défense : l'armée française se serre la ceinture (INFOGRAPHIES)
Publié le 29/04/2013
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Le Livre blanc de la Défense 2013, remis ce lundi à François Hollande, prévoit 24.000 nouvelles suppressions de postes dans les armées d’ici à 2019, soit près de 10% des effectifs, tout en réaffirmant les ambitions de la France, «puissance européenne au rayonnement mondial», malgré les contraintes budgétaires.
Faire mieux avec moins d’argent : ce document issu de neuf mois d’âpres discussions souligne la contradiction entre le niveau de risques et de menaces toujours élevé et des ressources financières de plus en plus limitées.
Les réductions d’effectifs se traduiront inévitablement par de nouvelles suppressions d’unités ou de bases militaires sur le territoire national. En 2008, Nicolas Sarkozy avait programmé la suppression de 54.000 postes sur la période 2008-2015. Le Livre blanc 2013 poursuit dans la même voie. Les baisses d’effectifs prévues jusqu’en 2015 (soit 10 000 postes) sont maintenues et 24 000 postes supplémentaires seront supprimés dans les quatre ans qui suivent.
La Défense française, au deuxième rang européen après le Royaume Uni, compte actuellement environ 280 000 personnes, militaires et civils. Dont quelque 130 000 militaires dans l’armée de Terre, 40 000 dans la Marine et 55 000 dans l’armée de l’Air.
Les coupes du Livre blanc ont aussitôt suscité l’ire de l’opposition. Les réductions d’effectifs programmées par Nicolas Sarkozy étaient « le maximum qui pouvait être fait si l’on veut que la France garde la capacité d’intervenir en premier comme nous l’avons fait au Mali », a réagi l’ancien ministre UMP de la Défense Gérard Longuet.
Ce document « marque un nouvel étiolement de la puissance militaire de la France », a jugé le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon. La présidente du FN Marine Le Pen a elle proposé de « sanctuariser » le budget de la Défense en interdisant qu’il passe sous la barre des 2 % du PIB.
Le Livre blanc n’entre pas dans le détail des coupes et des coups de rabot. Il fixe les grands axes de la politique de défense, mais c’est la Loi de programmation militaire (LPM) qui les traduira à l’automne en termes budgétaires. « S’il y a un fil rouge dans ce que nous avons voulu faire à travers le Livre blanc, c’est d’assurer le meilleur entraînement, les meilleurs équipements et le meilleur renseignement possible pour nos armées, elles le méritent », a assuré le chef de l’Etat devant les membres de la Commission du Livre blanc reçus à l’Elysée.
Le contrat opérationnel des armées est revu à la baisse, avec de 15 000 à 20 000 hommes projetables en opérations extérieures, selon le type d’intervention, contre 30 000 actuellement. « Il s’agit d’un décrochage stratégique de la défense française qui ne sera plus en mesure de peser dans les coalitions. Ce volume de 15 000 hommes déployables en opérations extérieures fait de la France un acteur tout à fait mineur des opérations en coalition », déplore le général Vincent Desportes, ancien directeur de l’Ecole de guerre, interrogé par l’AFP.
Les auteurs du Livre insistent sur le fait que la France n’abandonne aucune de ses ambitions stratégiques et capacitaires et soutient son industrie de défense. Parmi les priorités stratégiques liées au nouvel environnement international, le document réaffirme la nécessité d’assurer la protection du territoire national et des ressortissants français, de garantir la sécurité de l’Europe et de l’Atlantique nord avec nos alliés de l’Otan et de l’Union européenne, et de contribuer à la paix et la sécurité internationale.