19/10/2013 Fabius : hommage à Giáp, outrage à l’armée française
Lu sur le site "Boulevard Voltaire": Lettre d'un citoyen français à Laurent Fabius au sujet de son hommage rendu au Général Giap à l'occasion du décès de celui-ci:
http://www.bvoltaire.fr/francoisfievet/fabius-hommage-giap-outrage-larmee-francaise,38219
Monsieur le Ministre,
Ce 4 octobre 2013, le général Vo Nguyen Giap mourait à l'âge de 102 ans et comme beaucoup de citoyens je lis avec stupéfaction et indignation l'éloge funèbre que vous lui adressez.
Je n'ai pas connu, ni cette guerre, ni cette époque. En 1954 lorsqu'elle s'acheva par la chute de la garnison de Dien Bien Phu, je n'étais pas né.
Toutefois, plus tard, l'enfant curieux que j'étais, a cherché dans ses livres d'école pour comprendre, pour savoir ce qu'avait été cette mystérieuse guerre d'Indochine dont peu de gens parlaient. Mais mes livres de classe étaient vides. Complètement vides de cette histoire dans l'Histoire de mon pays; comme pour me faire entendre qu'il ne s'était rien passé. Circulez, il n'y a rien à voir!
Alors, je me suis documenté, et j'ai acheté des livres, beaucoup de livres. J'ai lu les écrits, lu et écouté les témoignages de ceux qui avaient vécu là-bas dans cette lointaine contrée, de ceux qui avaient combattu, ceux qui avaient vécu cette boucherie des combats, loin de leurs proches, de leurs familles, loin de leurs pays et dans l'indifférence la plus totale de leurs dirigeants.
Monsieur Le Ministre,
Vous avez déjà vu ces photographies de soldats squelettiques revenant des camps de rééducation du Viet-Minh; d'autres lecteurs, tous indignés par vos propos vous les ont mises sous les yeux.
Oui, comme il a été dit, ces hommes mourants ne revenaient ni du camp d'extermination de Dachau ni de celui de Buchenwald. Ces hommes sont les soldats de votre propre pays libéré en 1945 et que Votre histoire de France a délibérément oublié dans les travers de sa conscience.
Certes, en octobre 2013, tout cela est bien loin. Pourtant, ces hommes, monsieur Fabius, par le sacrifice ultime qu'un être puisse faire, celui de sa propre vie, ces hommes appellent à un devoir de mémoire de la part les femmes et hommes libres que nous sommes aujourd'hui.
Ces soldats de votre propre pays Monsieur Fabius, font partie des 120 000 hommes, blessés, morts, torturés, affamés, disparus au combat ou morts dans les camps de redressement du Général Vo Nguyen Giap. Dans ces camps de la mort disséminés dans le nord de cette jungle qu'on appelait alors le Tonkin.
Monsieur Fabius, que vous ont donc appris vos conseillers en communication sur ces milliers d'hommes, de femmes et enfants Vietnamiens, fuyant jusqu'à Saïgon l'avancée communiste venant du Nord Vietnam dès 1949 ou qui par dizaine de milliers se sont retrouvés enrôlés de force par le Général Giap pour combattre, se sacrifier, transporter les armes, les munitions ou pour tailler les routes dans la jungle jusqu'à mourir d'épuisement.
Monsieur Fabius, que vous ont appris vos conseillers en communication des colonnes Viet-Minh qui en octobre 1950 pourchassant la colonne Chartron n'ont pas hésité à pilonner mêlés aux légionnaires qui les protégeaient, les civils de leur propre pays sur la piste de Cao-Bang à That Khé.
Vous ont-ils évoqué les peuples des montagnes, les Ethnies minoritaires qui luttaient contre le Viet-Minh; le peulple Hmong ou ce peuple Tho, qui vivaient en paix et que le Général Giap et son armée fanatisée exterminaient sans état d'âme lors des ratissages des villages du Haut Pays. Les villageois, hommes, femmes et enfants, tous vietnamiens, pieds et mains liés égorgés par les hommes de Giap.
Que savez-vous des dizaines de milliers de jeunes hommes, adolescents, presque des enfants, tous vietnamiens eux aussi que l'armée de Giap enrôlait de force et saoulait à grand renfort de choum, l'acool de riz, avant de les envoyer se faire massacrer lors de charges perdues d'avance. Des dizaines de milliers de jeunes vietnamiens.
Que savez-vous des soldats français blessés dans les cirques de Coc Xa en octobre 1950 et que l'armée de Giap soulageait d'une balle dans la tête; et des 4 000 prisonniers dont les plus chanceux mourront, si l'on peut ainsi dire, lors de la première année de déportation.
Vous a t-on parlé Monsieur Fabius, des ambulances chargées de blessés, pilonnées à Dien Bien Phu par l'artillerie de Giap au mépris le plus total des conventions de Genève et aussi des quelques 11 000 prisonniers français et vietnamiens du camp retranché de Dien Bien Phu. Seulement 2 800 d'entre eux reviendront, dans un état sanitaire et psychologique désespérés. Tous les autres Monsieur Fabius, 8 000 hommes mourront de mauvais traitement. Les prisonniers vietnamiens, eux, seront purement et simplement exécutés.
Savez vous Monsieur Fabius qu'en 2013, oui, en 2013 existent encore et se battent partout dans la jungle vietnamienne des minorités Ethniques persécutées, qui refusent le joug communiste.
Certes, le Général Giap, était un grand stratège militaire et il a marqué l'histoire du Vietnam pendant plus de 40 années, mais Monsieur Laurent Fabius, au prix de son propre peuple qu'il n'a pas hésité à sacrifier sur l'hôtel du communisme émergeant poussé par une Russie et une Chine conquérantes qui lui fournissaient formation militaire, véhicules, armes et munitions.
Monsieur Fabius, contrairement à ce que vous voudriez laisser entendre au peuple français, la guerre d'Indochine ne fut pas qu'une guerre coloniale. A partir de 1950, la Corée, puis l'Indochine deviennent les champs de bataille ouverts de ce qui deviendra la guerre froide. Un peuple de réfugiés au sud Vietnam, aidés par l'armée française pour lutter contre la nouvelle idéologie Maoïste importée de la troisième Révolution Chinoise par Ho Chi Minh.
Mais le Général Giap est aussi celui qui organisa les camps de prisonniers et de redressement politiques aux méthodes inhumaines dans lesquels plus de 70% des hommes et femmes internés allaient mourir dans un déni le plus total.
Oui, Monsieur Fabius, l'histoire est l'histoire et tout cela est bien loin aujourd'hui, en 2013. Quand bien même, que dire de ce vieillard de 102 ans qui s'en va. Rien, sinon qu'ainsi va la vie.
Mais vous, Monsieur Fabius, Ministre des Affaires Etrangères, buvant votre honte jusqu'à la lie; au galop, droit debout dans les étriers de votre cheval de l'indifférence la plus sombre, sans la plus petite parcelle de respect pour les soldats de votre propre pays, sans la moindre parole pour leur mémoire, vous voici aujourd'hui nous faire l'enseignement au travers de l'éloge de Vo Nguyen Giap. Vous voici "saluer la mémoire d'un homme exceptionnel", au mépris des hommes de votre propre pays qui l'ont combattu.
Monsieur Fabius, vous qui avez "appris avec émotion le décès du Général Giap"; il y a un mois disparaissait, Hélie de Saint Marc, résistant, déporté. On ne vous a pas entendu.
Honneur et Courage étaient ses deux maîtres mots.
Si vous n'avez pas encore lu les ouvrages de Hélie de Saint Marc, Monsieur Laurent Fabius, s'il vous plaît, ne les lisez pas: ils ne s'adressent pas à vous.
Honneur et Courage, deux mots que vous ne caressez pas Monsieur Fabius; et dont vous ne connaitrez jamais la consistance, mais, s'il vous plait, Monsieur Fabius, essayez au moins de respecter ceux qui leur ont tout sacrifié pour ce beau pays qu'est la France et que vous n'honorez pas.
Monsieur Fabius, les familles des 70 000 soldats blessés, celles des 45 000 morts et celles 9 000 disparus, les familles Vietnamiennes décimées par l'armée de Giap, les orphelins Vietnamiens; tous ces gens sauront apprécier l'hommage funèbre que vous avez rendu au colonel Vo Nguyen Giap.
Honte à vous.