Un homme de 25 ans a fait au moins trois morts et seize blessés, ce vendredi 23 mars, dans l’Aude. Il s’en est pris à des automobilistes et à des CRS à Carcassonne. Avant de se lancer dans une prise d’otages dans un Super U de Trèbes. C’est là qu’il a finalement été abattu par les forces de l’ordre. Cette triple attaque a depuis été revendiquée par l’État islamique. Une personne a été placée en garde à vue.
Le département de l’Aude a été la cible d’une triple attaque terroriste, ce vendredi 23 mars. Un homme de 25 ans a fait au moins trois morts et seize blessés. Il s’en est pris, en milieu de matinée, à des automobilistes et à des CRS à Carcassonne. Avant de se lancer dans une prise d’otages dans un Super U de Trèbes. Il a été tué en début d’après-midi par les forces de l’ordre après s’être retranché dans le magasin. Les faits ont été revendiqués par l’État islamique. Ouest-France résume ce que l’on sait.
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Que s’est-il passé ?
A 10 h 13, à Carcassonne, un homme s'est attaqué à un automobiliste à bord d’une Opel blanche, dans la cité de l'Aigle à Carcassonne. Il a blessé grièvement le conducteur et tué le passager. Il s’en est ensuite pris à un groupe de quatre CRS marseillais rentrant d’un footing. L'assaillant a tiré « plusieurs fois », selon le procureur de Paris, François Molins lors d'une conférence de presse. « Six douilles ont été retrouvées sur place ». L’un des policiers a été grièvement blessé par balle. Un Portugais figure parmi les blessés, a indiqué Lisbonne, qui avait dans un premier temps annoncé qu'un de ses citoyens figurait parmi les morts.
Sa course folle s’est poursuivie au Super U de Trèbes, commune de 5 000 habitants, à quelques kilomètres de Carcassonne, où il est arrivé vers 11 h 15.
Il a laissé le véhicule volé sur le parking et a pénétré armé dans le supermarché. Il a alors crié « Allah Akbar », selon un témoin. « Il s'est dit prêt à mourir pour la Syrie », a précisé le procureur, et revendiqué être « un soldat de l'Etat islamique ». A l'intérieur du magasin, il aurait réclamé la libération de ses « frères » avant de tirer sur un employé et un client, décédés tous les deux sur place. La plupart des personnes ont pu s'enfuir. L’assaillant, lui, s’est retranché avec une femme en otage.
Tous les accès à la commune de Trèbes ont alors été bloqués par des membres des forces de l’ordre. L’antenne du GIGN de Toulouse est arrivée sur place, soutenue par les policiers d’élite du Raid et de la BRI. Pour la Sécurité civile, 80 pompiers et membres d’équipes médicales étaient sur les lieux, avec deux hélicoptères, selon le ministère de l’Intérieur.
Un gendarme de 45 ans, Arnaud Beltrame, du groupement de l’Aude a entamé des négociations. Ce lieutenant-colonel, ancien commandant de la gendarmerie d'Avranches, s’est substitué au dernier otage retenu. Il a laissé son téléphone portable en communication lors des échanges.
L'assaillant a alors « réclamé un chargeur », a précisé le François Molins, il est sorti avant de tirer sur le lieutenant-colonel à plusieurs reprises le blessant grièvement. Les coups de feu ont finalement déclenché l'intervention du GIGN.
L'assaut a été ordonné peu après 14 h 30, a précisé le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. L’assaillant a été tué. Le gendarme négociateur a quant à lui « lutte contre la mort », a indiqué Emmanuel Macron lors d'un point presse place Beauvau.
Un autre gendarme, appartenant à l’antenne GIGN de Toulouse, a également été blessé par balle à la jambe lors de l’assaut.
Qui est l’assaillant ?
Il s’agit d’un homme de 25 ans, d’origine marocaine et dénommé Redouane Lakdim. « C’était quelqu’un qui était un petit dealer », selon les mots de Gérard Collomb. Durant sa prise d’otage, il aurait exigé la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant du commando des attentats terroristes du 13 novembre 2015, à Paris.
« Il était fiché S », a affirmé le procureur de Paris « pour ses liens avec la mouvance salafiste ». Toutefois,« rien ne laissait présager un passage à l'acte », a assuré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
D’après le parquet de Carcassonne, l’homme s’était revendiqué de l’État islamique. Le groupe terroriste a lui-même revendiqué l’attaque en milieu d’après-midi. « L’homme qui a mené l’attaque de Trèbes dans le sud de la France est un soldat de l’État islamique, qui a agi en réponse à l’appel » de l’organisation « à viser les pays membres de la coalition » internationale anti-EI, affirme un communiqué de son agence de propagande Amaq, partagé sur l’application Telegram.
« C’était quelqu’un qui était un petit dealer », d’après les mots du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Durant sa prise d’otage, il aurait exigé la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant du commando des attentats terroristes du 13 novembre 2015, à Paris.
Comment ont réagi les autorités ?
Une perquisition a été menée dans le quartier de Redouane Lakdim, à Carcassonne. Un de ses proches a été « placé en garde à vue pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle », a indiqué le procureur de Paris François Molins. Il s'agirait d'une femme qui « partageait sa vie ».
Gérard Collomb est arrivé en début d’après-midi et a donné une conférence de presse pour relater les faits à 15 h 15. Le procureur de la République de Paris François Molins est, lui, attendu sur place dans l’après-midi.
« La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie et toutes les informations dont nous disposons au moment où je vous parle laissent à penser qu’il s’agirait d’un acte terroriste », avait d’abord déclaré le Premier ministre Édouard Philippe vers 13 h.
« Je serai dans quelques heures à Paris pour suivre et coordonner l’ensemble des mesures à prendre », avait ajouté, de son côté, le président Emmanuel Macron quelques minutes plus tard. Il s’exprimait au début d’une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel à l’issue d’un sommet européen, quelques minutes avant que le dénouement de la prise d’otage ne soit connu. Après l’assaut, Emmanuel Macron a redit que la menace « terroriste » demeurait en France « élevée, […] parce que nous avons depuis plusieurs mois une menace endogène ».
Les assaillants « peuvent être influencés, avoir des liens avec Daech ou avec d’autres forces extérieures relevant du terrorisme islamiste. Pour autant, et je reste prudent parce que l’enquête commence, nous ne sommes plus dans une situation comme il y a 2 ou 3 ans où nous étions face à des offensives menées depuis la zone irako-syrienne sur notre territoire », a expliqué le chef de l’État. « Vous avez beaucoup d’individus qui se sont radicalisés eux-mêmes, qui ont des profils psychiatriques variés, certains qui relèvent de pathologies, d’autres non. Je ne sais pas ce qu’il en est pour le terroriste aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Un numéro d’information réservé aux « personnes impactées par les événements » a, par ailleurs, été mis en place par la préfecture : le 04 68 10 29 00. Une cellule d’urgence medico-psy est aussi activée au 1, avenue Pierre-Marie Curie, à Trèbes.